Noël - messe du jour, année A

Is 52.7-10
Ps 97.1-9
He 1.1-6
Jn 1.1-18

Frères et sœurs, amis :

Par deux fois, nous avons entendu : commencement. Oui, commencement de la lettre aux hébreux ; et encore : commencement de l’évangile de Jésus Christ selon saint Jean. Permettez-moi de m’attarder un peu sur cette parole : commencement, car elle nous parle de naissance.

D’abord, la lettre aux Hébreux prend cette parole en un sens bien temporel : souvent dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées. Voilà, si nous examinons notre passé, nous découvrons un certain sens à notre vie, mais un sens fragmentaire, sous des formes bien variées. Parfois il nous est difficile d’en reconnaître le fil ; souvent nous en sommes déboussolés. Mais il peut se produire que dans ce jour où nous sommes notre vie soit touchée par Jésus, ce Fils qui porte toutes choses par sa parole puissante. Oui, combien d’entre nous, en un instant de notre vie, nous avons frôlé son passage et nous avons pu dire en vérité avec le psaume : Il a ôté le poids qui chargeait mes épaules et ses mains ont déposé mes fardeaux. Cela a été un vrai commencement.

Toutefois, le commencement de l’évangile selon saint Jean a une toute autre signification. Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Ce n’est pas un instant du temps qui nous est dessiné ; c’est pénétrer dans l’origine, là d’où découle toute vie et tout sens, car c’est la Parole qui nous donne la vie telle que nous la connaissons, c’est la Parole qui donne signification à toutes nos histoires humaines.

Contempler l’origine c’est plonger jusqu’aux fondations, pour trouver là une Parole par qui tout s’est fait et qui est vie et lumière des hommes. Mais nous avons fait souvent cette expérience : quand nous sommes déboussolés, quand s’ébranlent nos racines, nous ne trouvons pas la parole qui nous donnerait la lumière, qui nous ferait comprendre le sens de ce que nous vivons. Alors notre vie semble se rétrécir, apparaît comme inintéressante, faute de sens. Combien de découragements, de dépressions, de désespoirs en ces moments ! C’est que la parole ne peut pas venir de nous-même, la Parole vient de Dieu et c’est Dieu lui-même.

Le texte de Jean nous assure que la Parole s’est fait chair et que le Verbe a habité parmi nous ; il a participé de nos joies et de nos peines, de nos souffrances et de nos jouissances. Alors en Lui, en Jésus Christ, nous ont été communiquées grâce et vérité.

Oui, la vérité que nous ne sommes fruits ni du hasard ni de la nécessité, sinon d’une liberté pleine d’amour, d’une volonté de bien en faveur des humains. Cependant une liberté qui tient compte de la notre et aussi de nos fragilités, mais qui y participe car elle veut notre bonheur. Se savoir fils de l’amour dès le commencement c’est une force formidable d’assurance en nous-mêmes, de confiance en Celui qui nous a aimés et qui finalement s’est livré pour nous.

Cette vérité nous fait reconnaître que tout est grâce. Jamais nous ne pourrons mériter la vie, jamais nous ne pourrons nous prévaloir de nos forces. Tout en reconnaissant nos capacités, tout en créant des conditions nouvelles toujours plus intéressantes pour la vie humaine, ce qui nous transforme c’est vivre en l’action de grâces, en la reconnaissance de cet amour qui nous atteint, afin de pouvoir trouver sens et lumière dans le quotidien.

C’est en contemplant cet enfant de Marie qui est mort et ressuscité pour nous tous que l’évangéliste découvre cette épaisseur qui permet d’édifier nos maisons dans le roc sans qu’aucun flot, aucun vent, aucune tempête ne puissent l’ébranler.

Jésus le Christ, voilà la Parole faite chair, voici le Verbe qui travaille en nous depuis le commencement des temps. Le prophète nous anime : éclatez en cris de joie, vous qui êtes comme les ruines de Jérusalem. Le Seigneur vient consoler son peuple. Il montre la force divine à toutes les nations. Oui, d’un bout à l’autre de la terre, tous verront le salut de notre Dieu. Ce salut c’est son amour dès le commencement. Avant même que tout existe, il a pensé à nous, car en son Fils unique, sa Parole, son Verbe, il nous a pensés à son image et à sa ressemblance.

Béni soit donc le Père qui nous aime et son Fils Jésus Christ le Seigneur dans l’Esprit Saint. Ainsi avec le cœur plein de joie nous continuons notre vie dans l’action de grâce, nous continuons à vivre comme une eucharistie, cette table du repas commun, du repas des frères, où il y a le sacrifice, le don, la joie, et la communion.


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