Ex 22.20-26
Ps 17.2-51
1Th 1.5-10
Mt 22.34-40
Il y a une belle histoire qui me semble appropriée pour lire l’évangile d’aujourd’hui en s’éloignant de la routine.
Il s’agit d’un moine qui parle avec une femme non croyante. Dans le dialogue il leur arrive de parler de Mozart et de sa musique. Savez-vous, dit le moine, que Mozart a employé le même air pour son Agnus Dei et pour le passage des Noces de Figaro quand la comtesse va prendre les vêtements de la servante Suzanne afin de sauver le comte Almaviva ?
Devant l’étonnement de la non croyante à cause que la femme et Dieu sont traités de la même manière par Mozart, le moine réplique que celui-ci a bien compris l’essentiel. Le personnage divin se déguisant en animal, en agneau ; la comtesse en servante. C’est toujours l’amour innocent, délaisse, qui descend au plus bas, qui se déguise et se place au-dessous de l’autre et presque se perd pour sauver.
Voilà, qu’en est-il du plus grand commandement ?
Vous savez bien, disait Paul, comment nous nous sommes comportez chez vous pour votre bien. Paul s’est fait tout à tous. Le pharisien plein de connaissance des livres sacrés s’est fait païen pour gagner tous ceux qui étaient perdus. C’est ainsi que vous avez commencé à nous imiter, dit Saint Paul.
Si on se met en bas, au dernier rang, on n’accable ni la veuve ni l’orphelin ; si on se sent comme des immigrés, alors nous n’imposerions pas nos intérêts en avant ni prendrons en gage le manteau de celui qui n’a que cela pour passer la nuit, comme il est dit dans la première lecture.
Si nous devenions pleins de tendresse et de miséricorde, nous accomplirions toutes les lois qui tendent au bonheur des hommes, nous serions dignes de reconnaître la façon de faire de Jésus qui n’a pas eu honte de s’humilier jusqu’a la croix.
Le plus grand commandement. Voilà ce qu’il nous faut comprendre, car souvent nous pensons à l’ordre d’un dieu terrible qui nous guette pour nous trouver toujours fautifs.
Mais le commandement n’est-il pas un ordre donné pour produire en justice un élément de preuve ? Telle est une des définitions de notre dictionnaire de la langue française. L’accomplissement du plus grand commandement ne serait-il pas ainsi la révélation, la preuve, de ce que nous sommes en fait ? Car ce qui est important ce n’est pas un ordre extérieur, établi, souvent injuste ; ce qui est important depuis le commencement du monde c’est le bonheur pour cet Adam et cette Eve que nous sommes et que Dieu a placés dans un lieu plaisant.
Alors est-que la preuve de ce que nous sommes ne serait pas la reconnaissance de cet Esprit, Dieu, qui fait toute musique pour nous sauver de nous-mêmes ? nous sauver de nos peurs, de nos craintes, mais aussi de nos mensonges, de nos violences ?
Et comment pourrions-nous dire en vérité ce Dieu, comment pourrions nous le connaître au-delà des mots avec lesquels chaque langue le nomme, si nous ne sommes pas proches des autres hommes et femmes, si nous n’aimons en eux tout ce que ce Dieu leur a donné en les fesant possibles ?
Oui, toutes les lois, humaines et religieuses, toutes les traditions des hommes mêmes si elles sont mises par écrit, ne sont rien si elles ne nous rappellent l’homme et la femme heureux que nous sommes appelés à vivre.
Maintenant en notre célébration, encore une fois, nous dirons : agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; tu qui t’es fait si petit, si peu de chose, si condamné aux yeux des puissants, qui as put enlever le péché et donc faire la justice et donner preuve de la vraie humanité appelée au bonheur ; toi, l’Agneau de Dieu, image de tant de femmes et hommes qui chaque jour travaillent pour ceux qui leur sont proches ne s’abîment pas, ne se détruisent pas.
Oui dans l’Eucharistie que nous célébrons voilà qui se fait jour le grand commandement, la preuve d’un amour excessif et à la fois délicat ; ici Dieu se fait homme ; ici l’homme Dieu, Jésus Christ, nous appelle ses frères, ici nous partageons la même table, ici nous nous engageons pour nos frères.
Quand notre évêque nous appelle a vivre en proximité pour mieux annoncer l’évangile, fait-il autrement que nous dire pour aujourd’hui toute la Loi et les prophètes ?