29ème dimanche du temps ordinaire, année A

Is 55.1-6
Ps 95.1-13
1Th 1.1-15
Mt 22.15-21

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Nous sommes à la fin de l'Évangile de Mathieu. Cet évangéliste, immédiatement avant de relater la Passion, décrit l'affrontement entre les adversaires, ici signalés comme pharisiens, et Jésus. Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ?

Voyez. La situation en Palestine était délicate. Les Hébreux étaient sous occupation étrangère. La question posée à Jésus n'est pas simple. C'est un vrai défi. Il faut qui s'en sorte sans tomber dans le populisme facile car ainsi il pouvait être dénoncé devant les autorités romaines mais sans non plus ressembler à un collaborateur lâche car alors pouvait être dénigré devant ces concitoyens. Sa subtile réponse permet d'honorer le rôle de l'autorité sociale sans laisser tomber les exigences qui dérivent de la foi en Dieu.

Nous sommes heureux que la réponse de Jésus rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, a permis de dépasser une religion qui maintiendrait l'État soumis à son pouvoir. La tentation d'agir ainsi existe encore pour beaucoup d'institutions religieuses sans exclure la nôtre. On donne, alors, comme base de l'argumentation l'honneur de Dieu. Mais on voit bien les conséquences : les clercs tentent de s'imposer par des biais qui ne sont pas ceux de la société civile.

Nous sommes heureux aussi que la réponse de Jésus ait permis à la religion de se libérer d'être au service de l'État et de ses intérêts. Il a fallu une lutte constante dans notre histoire d'occident, et qui n'est pas arrivée à bon port partout, pour être lucides et critiques face à l'État, de lui demander rester toujours au service de la nation, au lieu de mettre les citoyens à son service.

Toutefois pratiquer cette orientation de Jésus n'est pas toujours donné. Le Concile Vatican II dans une de ses déclarations les plus fameuses, celle de la liberté religieuse, a donné pour les hommes de notre temps des orientations précises. Cependant le fondement de son argumentation qui était la dignité de la personne humaine, est tellement bafoué aujourd'hui, qu'il nous faut y revenir pour dépasser tous les pièges de l'actualité.

Pour suivre l'orientation fondamentale de rendez à César ce qui est à César, est-ce que nous aurons à nous taire devant le mensonge avéré des chefs d'état puissants quand ils écrasent peuples sans défense ? Pour suivre cette orientation est-ce que nous aurons à accepter les politiques d'expulsion des immigrants des ministres de l'intérieur d'Europe ? Pour suivre cette orientation fondamentale est-ce nous n'aurions rien à dire sur les budgets municipaux qui embellissent nos villes au lieu de favoriser les logements sociaux par exemple ?

D'autre part, est-ce que rendre à Dieu ce qui est à Dieu consiste à rester tout le temps dans des prières, autour du sacré, dans les temples ?

Il est évident, dit le Concile, que les hommes et les femmes de notre temps désirent professer librement la religion en publique et en privé. Mais professer la religion en publique n'est pas seulement faire des pèlerinages ou des activités pieuses. Les chrétiens, à partir de leur foi, doivent être présents dans le monde. Ils peuvent le faire individuellement ou bien en groupe, même s'il faut respecter l'ordre juridique de la société et tenir compte du bien commun.

C'est dans cet esprit que notre évêque Olivier, dimanche dernier à la Basilique de Saint Denis, a publié les chemins d'avenir pour notre Église.  Nous commenterons ce document pendant l'année, car il reprend des orientations majeures pour notre communauté. Il nous demande de bâtir une église de proximité, proximité par l'engagement des chrétiens, proximité par une qualité d'accueil, proximité par la proposition de rencontres adaptées.

Il dit ainsi : la proximité se réalise d'abord par la présence et l'engagement personnel des chrétiens dans la vie sociale. Cela commence dans la vie quotidienne, par le souci de créer des liens, par la participation là où se jouent des choses importantes au niveau de la vie collective : participation à une association de quartier, de parents d'élèves, pour telle cause humanitaire, à un syndicat, à un parti politique... aux groupes d'Église qui agissent pour l'instauration d'une plus grande justice, Secours Catholique, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Pax Christi, ACAT..

Voilà donc des éléments à vivre aujourd'hui et ainsi reprendre les paroles de Jésus : rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Au milieu des tensions de ce monde, au milieu des questions qui nous sont posées parfois pour nous éprouver, comme cela se passait déjà avec Jésus, nous répondons : il faut rendre à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu.

Mais nous connaissons par la participation à l'Eucharistie que tout homme et toute femme né dans ce monde est appelé à la dignité d'enfant de Dieu. Voilà notre responsabilité devant Dieu : lui rendre des hommes et des femmes heureux.



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