28ème dimanche du temps ordinaire, année A

Is 25.6-9
Ps 22.1-7
Ph 4.12-20
Mt 22.1-14

C’est notre messe des familles. Nous faisons semblant de commencer comme si nous étions à l’école ou au parlement. C’est encore une rentrée comme si nous pouvions couper le temps en morceaux. C’est une habitude, une façon de parler, nous qui sommes si réticents aux routines et qui, souvent, pensons que tout est à inventer.

Toutefois notre réunion me permet de remercier tous ceux et toutes celles qui ont préparé la rentrée du catéchisme et de l’aumônerie, tous ceux et toutes celles qui se sont mis au service des différentes activités paroissiales. Notre réunion me permet aussi saluer les enfants et les jeunes et leurs parents : notre eucharistie doit être, comme il se doit, une vraie action de grâces.

Notre monde n’a pas changé depuis notre dernière célébration du mois de juin. De nouveaux événements ont semé le deuil dans beaucoup de cœurs, des yeux en larmes pour une foule nombreuse. Et c’est un grand soulagement d’entendre l’appel à une table où tous les peuples auront leur place. Mais il ne faut pas entendre cela comme une belle promesse pour un avenir incertain. C’est aujourd’hui que nous écouterons : heureux les invités au repas du Seigneur ! Les invités qui ayant entendu l’appel ne veulent pas se réjouir, ceux qui ne se sont pas préparés dûment, ils ne seront pas habités du bonheur d’une table partagée, de l’accueil de celui qui nous invite.

Voyez. Que se passe-t-il autour de nous ? Au milieu de ce monde dont nous parlions tout à l’heure, les enfants grandissent, quelques-uns uns, comme ceux qui aujourd’hui se sont présentés pour préparer leur baptême, découvrent l’intérêt pour le chemin de la foi. De même des jeunes, comme ceux qui hier se préparaient pour être confirmés le 27 novembre dans notre église, et des personnes âgées avancent à la rencontre de leur propre profondeur et de ce qu’ils ont découvert comme essentiel dans leurs vies. Autour de nous, si nous avons des yeux ouverts, partout, il y a de l’humanité, une divine humanité.

Mais nous, à quoi sommes-nous invité ? À la joie ou à la tristesse ? À la culpabilité ou au pardon ? Au deuil ou à la fête ?

Dans notre parabole celui qui appelle, le Maître, invite tout le monde ; il n’exclut personne. Et nous comprenons pourquoi Mathieu, l’évangéliste, a situé cette parabole dans les enseignements de Jésus depuis son entrée à Jérusalem. Jusqu’à la dernière heure Jésus invite à table. Il invite à la fête, au bonheur. Heureux les invités à la table de la liturgie ! Même si ce sont les ouvriers de la dernière heure comme nous l’avons déjà appris.

Sommes-nous en connivence avec cette façon de faire du Maître ? Nos églises sont-elles en correspondance avec cette attitude de Jésus ? Qui invitons-nous ? À quoi invitons-nous ?

Parfois nous nous demandons à quoi nous serons reconnus. Les juifs ont leurs signes distinctifs : on les reconnaît à la kippa, ou s’ils sont orthodoxes à leurs tresses, à leurs chapeaux ; les musulmans, on les reconnaît à leur viande halal, à leur ramadan ; et nous, à quoi serons-nous reconnus ? Il y en a parmi nous qui voudraient retourner à certains signes extérieurs : quelques chants en latin, quelques génuflexions. Mais nos anciens écrits nous disent : on vous reconnaîtra à l’amour que vous portez les uns aux autres. Et Paul prônait une liberté qui nous permet, en faisant le bien, de nous distinguer de qui que ce soit. Voilà, la parabole d’aujourd’hui le montre encore clairement : n’exclure personne de la fête. Toutefois peut-être quelques-uns uns ne voudront pas venir, ou celui qui ne se prépare pas restera toujours dans son enfer car il ne comprendra point la fête à quelle il est invité. Mais cela ne justifie pas notre crainte à inviter.

Notre fête c’est l’Eucharistie, partage de la vie de Jésus qui se livre entièrement. C’est lui, la vraie image du Dieu invisible, qui nous rappelle l’appel du Père : venez à la fête ; il n’y aura plus ni larmes ni deuils. Ce ne sont pas des mots pour nous bercer, ce sont des responsabilités à prendre : quoi faire pour contrer le mal ? Que faire pour abattre les peurs, pour éloigner les peines des hommes et des femmes concrètement ? Et si une des énergies clés pour cela était la joie ?

Voici, nous sommes à Ste Marthe des Quatre-Chemins, nous avons entendu dire aux serviteurs dans l’Évangile : allez à la croisée des chemins et invitez aux noces. C’est cela notre responsabilité et notre joyeux labeur. Ici aux Quatre-Chemins, et cela c’est la symbolique de notre vie au milieu des divers carrefours de notre existence ; ici aux Quatre-Chemins inviter aux noces, inviter à la fête, inviter au bonheur. Est-ce qu’il y a un métier aussi engageant que celui-ci ?


Retour en haut de la page

Retour à la liste des homélies

Retour au sommaire du site