25ème dimanche du temps ordinaire, année A

Is 55.6-9
Ps 144.2-21
Ph 1.20-27
Mt 20.1-16

Nous sommes, frères et sœurs, dans la civilisation de ce qui est dû. Le mot juste nous remet au mot exact, et celui-ci tient de la précision de l’horloge et des règles mathématiques. Nous disons comme une évidence les bons comptes font les bons amis. Toutefois en cette expression, bons comptes renvoie à comptes rigoureux, précis, justes, et nous entendons par bons amis, les amis fidèles, sincères, authentiques. Ce n’est pas la même chose et à cause de cela combien de malentendus !

L’Évangile est toujours dans l’excès. La pointe de la parabole est cet excès qui renvoie à la question que Dieu nous adresse : vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ?

Depuis longtemps les hommes religieux avaient deviné qu’autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant les chemins de Dieu sont élevés au-dessus des nôtres, et ses pensées, au-dessus de nos pensées.

Il y a toujours un excès en Dieu : en sa façon de nous accompagner, si discrète qu’elle devient invisible; en sa manière de pardonner qui ne contemple jamais le mal accompli mais le cœur de celui qui le commet ; en sa forme de nous offrir son amour même si nous blâmons ses gestes par jalousie comme le fils aîné de la parabole.

Mais alors faut-il choisir entre le dû et l’excès ? Combien de fois nous souvenons-nous de la sentence du jésus Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. Quel défi !

Nous le savons bien. Notre civilisation a choisi l’Argent. Et nous en connaissons les conséquences. Même si nous sommes dégoûtés de ces conséquences de pauvreté pour la majorité, de violence et de haine, nous ne pouvons pas sortir de notre monde. Et plus encore, c’est dans ce monde là que nous devons vivre la foi en Jésus et en son Évangile. Nous sommes partagés, nous ne savons plus, (comme Paul disait aux Philipiens) comment choisir.

L’Évangile d’aujourd’hui peut-il nous renseigner ? Fixez vos yeux sur le maître de la maison. Il ne se lasse pas. S’il veut en finir avec le chômage des gens de sa ville, il sort à la première heure et à la deuxième, mais aussi à la dernière. Jusqu’au dernier qui n’est pas au travail il ne se lasse pas de sortir pour appeler.

Il tient sa parole. Il a promis un salaire pour une journée. Il ne le baisse pas à cause des autres embauches. A la fin de la journée il peut dire avec vérité : mon ami, je ne te fais aucun tort. Prends ce qui te revient.

Cependant nous sommes stupéfaits de sa générosité. Il donne aux derniers de quoi vivre aussi. Ce geste magnifique de donner aux petits, (à ceux qui n’ont pas eu de chance et qui ainsi sont devenus les derniers) nous dit encore plus de son cœur que sa parole maintenue et que son courage. Il faut toujours parler de Dieu avec des comparaisons, car nous ne l’atteignons jamais en lui-même. Ce maître de maison nous approche de notre Dieu, riche en miséricorde, plein de bonté, lui qui ne peut que nous donner son amour.

Comment se fait-il que nous bâtissons notre vie sur l’argent ? Jésus nous dit : n'amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. N’est-ce pas Lui, Jésus, la Sagesse ? N’est-ce pas ce qui nous arrive souvent ? Mais nous nous laissons éblouir par des feux d’artifices !

Alors, frères et sœurs, nous pourrions, au milieu de ce monde, apporter une parole nouvelle, inouï. La richesse n’est point nécessaire pour le bonheur. Ce qui est nécessaire c’est la lutte inlassable pour que tout homme et toute femme puisse vivre en vérité son droit au travail. Ce qui est devenu de plus en plus nécessaire aujourd’hui c’est une parole qui se tient, qui est oui ou non, mais qui est toujours la même. Enfin ce qui serait formidable : c’est vivre l’élan de générosité, de noblesse, de magnanimité du maître de la maison. Être témoins de notre Dieu au milieu de notre monde, est-ce autre chose ?

Que notre vie soit le Christ comme c’était le cas pour Paul et naturellement viendra la simplicité du don de nous-mêmes, viendra aussi cette livraison totale telle que nous la vivons autour de l’autel. Peut-être entendrons-nous alors ils sont excessifs. Mais personne ne pourra dénigrer notre bon sens et, avec l’humilité de celui qui se sent le dernier, nous pourrons interpeller nos contemporains.


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