23ème dimanche du temps ordinaire, année A

Ez 33.7-9
Ps 94.1-11
Rm 13.8-10
Mt 18.15-20

Seigneur Jésus, nous sommes réunis ; comment se fait-il que notre prière n’obtienne pas ce qu’elle demande ?

Nous sommes convaincus que ta parole est vraie et tu nous le dis encore une fois : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Comment se fait-il donc que notre prière n’obtient pas ce qu’elle demande ?

Nous ne cherchons pas la réponse du côté de ton Père qui est aux cieux. Tu nous l’as montré comme riche en miséricorde, plein de tendresse et d’amour. Nous ne cherchons pas la réponse du côté de toi, dont nous connaissons la vérité des paroles et des gestes de pitié pour les foules sans pasteur.

Nous cherchons la réponse en nous-mêmes. D’abord, c’est bien vrai qu’être les uns à coté des autres, ce n’est pas encore une réunion. En cela nos messes ont beaucoup de progrès à faire. Même entre les chrétiens du même rang qui se parle ? Qui se connaît ? Qui se salue ? Et entre les prêtres et l’assemblé est-ce qu’il y a une même préoccupation, est-ce qu’il arrive d’y avoir de la connaissance et de la communion réelle, personnelle ?

Mais, parfois, Seigneur Jésus, nous nous rassemblons vraiment. Encore faut-il que nous ayons dans le cœur le conseil paulinien : frères, ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. Encore faut-il, comme le demandait Ézéchiel à son peuple, avertir le méchant d’abandonner sa conduite. Certes, avec discrétion, certes sans jugement, certes sans provocation, mais avec la préoccupation réelle pour l’autre, pour son bonheur. La communion avec l’autre ne serait-elle pas la source de la prière ?

Nous comprenons ainsi que nos prières ne sont pas les paroles que nous disons, ni les désirs que nous arrivons à manifester, mais que c’est notre propre personne. Et qui parmi nous veut vraiment être en communion avec les autres ?

C’est bien de cela qu’il s’agit, Seigneur Jésus. Comme le Père est en moi et moi dans le Père, restez en moi. Tout de suite nous acceptons d’être dans le Christ ; que Lui soit au milieu de nous, nous l’acceptons vite. Cependant acceptons-nous de vivre en communion véritable avec les autres, les étrangers à notre culture, à nos comportements de genre ou de situation. Acceptons-nous être en eux et eux en nous ?

Seigneur Jésus, nous avons une vraie pitié pour les hommes et femmes qui souffrent. Le Tsunami nous a touché, les crashs aériens nous ont bouleversés, le récent ouragan sur les états pauvres des États Unis nous a consternés. Et encore la souffrance quotidienne des êtres humains, des familles expulsés de leurs habitats, des malades que nous côtoyons, tout cela remplit notre cœur de chagrin, d’affliction. Mais nous restons là, paralysés, sans savoir quoi faire.

Et quand la blessure est en nous ou dans l’Église, est-ce que nous travaillons le pardon du cœur, la forme la plus parfaite de communion ? Le jour de l’enterrement de Fr. Roger, la prière de la communauté de moines dite par Fr. Aloïs était celle du pardon pour la femme qui l’avait tué. Plusieurs fois, le pape Jean Paul II a demandé le pardon à la communauté juive, à la communauté reformée, à la communauté scientifique à cause des erreurs et de malhonnêtetés des fils de l’Église. Donner le pardon, demander le pardon, est-ce encore une de nos attitudes habituelles, tant personnelles comme communautaires ?

Voilà, Seigneur Jésus, ce qui nous dépasse. Alors pourquoi protester à cause de nos prières non reçues, de nos désirs non accomplis ?

Toutefois, tu connais notre cœur, tu vis au milieu de nous, et nous pouvons dire avec confiance : ne nous laisse par tomber dans la tentation du découragement, car si notre plus grand handicap c’est la peur, si notre plus grande erreur c’est d’abandonner, tu nous tiens de ta main pour encore un bout de chemin, et toi, agneau de Dieu, tu prends notre péché et le péché du monde pour que nous vivions désormais dans la confiance et dans l’amour. Même si nos prières ne sont pas encore exaucées, nous continuerons de prier comme cette femme qui chaque jour se présentait au juge malveillant jusqu’à ce qu’elle ait obtenu son droit. Toutefois nous pensons surtout à Marie qui en un jour de fête t’a dit : ils n’ont pas de vin.


Retour en haut de la page

Retour à la liste des homélies

Retour au sommaire du site