20èmedimanche du temps ordinaire, année A

Is 56.1-7
Ps 66.2-8
Rm 11.13-32
Mt 15.21-28

Notre sincère appartenance à une grande institution comme notre Église peut-elle nous tromper dans notre relation à Dieu ?

Les textes d’aujourd’hui nous préviennent de cette possibilité. D’abord le prophète du premier Testament, Isaïe, rappelle au peuple hébreu que les étrangers peuvent être aussi élus. Il parle à un moment historique où Israël et Juda sont en pleine puissance, alors que la religion de Moïse appartient à l’évidence à la race d’Israël. Isaïe leur rappelle que les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom sont devenus ses serviteurs, car le Temple de Dieu est une Maison de prière pour tous les peuples.

Un demi-millénaire plus tard Paul met en garde les chrétiens de Rome contre le complexe de supériorité que pourrait leur inspirer leur conversion à l’Évangile. Dieu, en effet, fait miséricorde à tous les hommes.

Les disciples de Jésus ne lui demandent-ils pas de donner satisfaction à la femme étrangère afin de les laisser en paix, elle qui les poursuivait avec ses cris ?

Il me semble qu’il y a en ces trois exemples la description d’une tentation courante. Nous sommes dans le vrai, alors aux autres de nous rejoindre. Parfois cette attitude s’enveloppe d’airs de supériorité. Nous sommes dans le vrai, ils sont dans le faux, ils ne peuvent pas rejoindre Dieu. Nous sommes dans le vrai, ils se sont trompés, à eux les conséquences de leurs erreurs. Nous sommes dans le vrai, ils nous ennuient avec leurs cris, il faut les faire taire.

Est-ce que cette attitude a à voir avec ce que nous pensons des autres religions, même si ce sont d’autres appartenances chrétiennes ? Est-ce que cela a à voir avec notre rejet devant des émissions de la télévision ou des films qui gênent nos convictions chrétiennes ?

Regardons maintenant l’attitude de Jésus. D’abord, il est conscient de son lieu d’appartenance, de sa mission. Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Jésus ne fait pas du mélange à bon prix. Comment pourrions-nous respecter l’autre, si nous ne nous respectons pas nous-mêmes ? Nous ne devons pas oublier notre identité pour dialoguer avec les autres. Dans ce dialogue nous ne devons pas interchanger les biens des uns et des autres comme si tout était de la même portée. Le pain des enfants on ne le donne pas au petits chiens.

Mais alors en quoi consiste ce dialogue ? Jésus a bien écouté la femme. Elle a repris les mots de Jésus pour lui faire voir ce qui se passe dans la vie : les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors, Jésus admire la foi de la femme. Il a bien entendu que la femme, même si elle est étrangère, même si elle est d’une autre religion, même si elle est portée par la défaillance, elle porte en elle la foi, la confiance. Et Jésus la reconnaît.

Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous appartenons à l’institution élue. Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous jugeons les autres avec des airs de supériorité. Nous ne sommes pas non plus chrétiens quand nous mélangeons tout comme si tout était égal. Mais nous le sommes quand nous admirons la foi des autres, quand nous reconnaissons leurs démarches, la sincérité de leurs chemins. Nous le sommes quand cela nous interroge et nous permet d’aller au-delà de nos opinions bien établies.

Seigneur, nous pouvons dire maintenant : que cette eucharistie que nous célébrons répande en nos cœurs la ferveur de ta charité. C’est l’amour que tu nous donnes qui nous permet de t’aimer en toute chose et par-dessus tout, et cela nous permet de surpasser notre vision plate des choses et nous permet d’admirer ton travail dans la vie de nos frères humains.


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